Connaissez-vous Brouilla ?
Prenez la carte de France, posez votre doigt sur l’extrême sud, au pied de la chaîne des Pyrénées, à l’Est : vous êtes dans le département des Pyrénées-Orientales, dont le chef lieu est Perpignan.
Brouilla se trouve au sud de Perpignan, dans la vallée du Tech, au pied du massif des Albères, dernier bastion des Pyrénées qui se jette dans le mer Méditerranée et qui forme une très belle côte rocheuse, la Côte Vermeille.
En toutes saisons, nombreux sont les automobilistes qui ne font que passer, en direction d’Elne, d’Argelès. Ils passent, et ils passent à côté de richesse, de curiosités, de paysage qui méritent le détour.
La commune se laisse découvrir peu à peu, sous ses diverses aspects.
I- La Néolithique :
Il y a bien bien longtemps, Brouilla avait déjà quelques habitants ; quelques vestiges pierreux l’attestent en allant vers le Mas Tardiu et vers les Camomilles à vous de les trouver !!
II- La gallo-romaine :
Brouilla tirerait son nom d’un ancien domaine rural, qui pourrait être le gallois Brogilius ou plutôt le romain Burrulius (burrus : roux).
La commune est mentionnée pour la première fois en 944 sous la forme « Brulianum »,( le suffixe « anum » dérive du nom d’une personne), puis Ebrulliano, Bruliano et enfin Brulla en 1359.
III- La médiévale :
Le moyen-âge voit la seigneurie de Brouilla (qui appartenait aux comtes d’Empuries) passer aux mains de l’abbaye de Saint Genis. Il existait deux églises à Brouilla, avec certainement deux noyaux d’habitation et un château, sans doute peu important puisque un texte de 1434 précise que la population de Brouilla devait, en cas de danger, se réfugier dans le château d’Ortaffa.
Mais ce qui contribue le plus à l’attrait de Brouilla, c’est son église du XIIe siècle, si attachante par sa simplicité robuste, son superbe portail de marbre gris de Céret, dont les deux chapiteaux décorés de griffons et lions sont attribués au Maître de Serrabonne.
Prenez le temps de vous asseoir sur le bancs en face de cette église. Tout est douceur et harmonie, l’église reposant sereinement sur ses deux absidioles qui forment un chevet trilobé épuré.
Vous admirerez les proportions du bâtiment, vous serez sensible à l’olivier, dressé comment un vivant pilier qui semble soutenir l’archivolte.
Sur votre gauche, vous verrez l’albizia frôlant d’une branche le monuments aux morts, déposant comme un baume sur les douleurs du temps passé, comme un appel à la vie.
IV- La contemporaine : Mais les siècles ont passé…
Nous voici au XXIe siècle. La Mairie fait aujourd’hui l’orgueil (tout mesuré) de Brouilla. Une grande cave aux murs épais de « cayrous » (matériaux typique) est devenu un séduisant hôtel de Ville, qui a su concilier préservation du patrimoine et aménagements modernes.
V- La méditerranéenne :
Promenez-vous dans les alentours. Le paysage semble un conservatoire d’une végétation typiquement méditerranéenne, avec ses oliviers, ses roseaux à profusion, ses maquis où il faut s’embroussailler et se perdre à la recherche des asperges sauvages, au printemps.
Peut-être serez-vous surpris par le passage d’un train, plutôt rare, qui vous sortira de votre rêverie mélancolique.
VI- L’Africaine :
N’hésitez pas à emprunter le lit desséché de l’oued (pardon, le correch!!) qui serpente au milieu des maisons. Cactus et figuiers de Barbarie offrent un dépaysement certain ;avec ses ravines ocres, l’Afrique du Nord semble alors toute proche.
L’art de vivre ici
Si vous avez le pied alerte, grimpez un soir d’été jusqu’à la « Vinya Cabrera » (prendre la route de Bages et après le passage à niveau la petite route goudronnée qui monte à gauche qui monte).
Après avoir retrouvé votre respiration, embrassez, les yeux grands ouverts, tout le paysage. Les Albères vous apparaîtront, derrière le vert des vignes et des arbres, toutes bleutées, avec des ombres profondes et moelleuses.
Vous recevrez avec plaisir cette invitation à une marche en montagne avant de plonger comme les Albères dans notre « «Mère Méditerranée ».
Vous pourrez aussi vous rafraîchir au lit de la rivière Le Tech toute proche, et vous perdre sur ses rives sauvageonnes désormais préservées.
Aujourd’hui comme autrefois, notre village peut-être qualifié de petit quant à sa population, mais ceci est le véritable gage d’une vie tranquille où les liens sont suffisamment étroits, pour que les nouveaux arrivants soient intégrés plus aisément.